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N°258 Retour d'expérience sur le 5-ème Salon Guinéens de l'Emploi et de l'Entrepreneuriat

Nous construisons demain en parlant de vous

· Afrique,France,Entrepreneuriat,Social,Éducation

Le mois de Novembre est dédié à l'économie sociale et solidaire. C'est aussi le mois choisi par l'Association des Jeunes Guinéens de France (AJGF) pour organiser le Salon Guinéen de l'Emploi et de l'Entrepreneuriat. S'étalant sur le 1er et 2 novembre l'événement a été une rencontre entre les entreprises localisées en Guinée et la diaspora guinéenne de France voire la diaspora africaine. Venue de toute le France et des pays voisins comme la Belgique, la diaspora africaine a honoré ce salon qui a été l'occasion de réunir des figures fortement appréciées comme Stanislas Zézé, Phillipe Simo et d'autres personnalités issues de l'Afrique francophone. Nous sommes allés vers la communauté guinéenne et l'écosystème guinéen et nous avons été satisfait du résultat de cette 5 ème édition du Salon Guinéen de l'Emploi et de l'Entrepreneuriat. La thématique de cette année était focalisée sur la culture de l'excellence au service du retour au pays. Ce choix crucial auquel sont confrontés beaucoup de jeunes africains après l'atteinte de leurs objectifs en France ou en occident. En effet après les études, l'acquisition d'expérience, beaucoup d'immigrés se retrouvent devant une morosité socio-professionnelle évidente mais hésitent à quitter leur zone de confort pour apporter quelque de plus grand au développement du pays. C'est une réalité au sein de la communauté guinéenne et ouest africaine. En effet de nombreux facteurs influencent sur les décisions (l'hésitation ou le refus) des africains, surtout celles qui consistent à retourner dans leurs pays d'origine pour apporter leurs contributions diverses. Parmi ces facteurs il y a :

  • le manque d'infrastructures administratives performantes;
  • un maillage numérique encore insuffisant;
  • une démocratie moins représentative qu'en Europe, où l'on finit par s'habituer;
  • un accès limité à une offre de santé professionnelle et qualitative;
  • peu de choix en termes d'offre éducative de qualité;
  • une offre touristique encore insuffisante.

Tours ces commodités auxquelles nous sommes habitués en Europe manquent en Afrique de l'ouest, de manière significative. Mais c'est justement cette réalité qui pourrait être un tremplin pour l'audace, la créativité, la mise en place de projets et d'initiatives (sur le plan individuel et collectif) favorisant une alternative sur place. L'année 2000 présageait de grands changements pour le monde. L'Afrique comme les autres continents entraient par la même occasion dans l'ère du numérique qui a bouleversé nos manières d'échanger, de communiquer, de nous informer, de consommer, de voyager, mais aussi d'investir et de gouverner. En effet le monde apprenait en bien comme à ses dépends qu'un petit appareil, plus petit qu'une poche de pantalon pouvait faire et défaire des gouvernements, créer des scandales, lancer une révolution sociale ou technologique sur le plan local ou international. Ce qui change les rapports entre les hommes, le nations et les continents. Si les africains rêvent toujours d'explorer le monde en allant chercher une meilleure vie ailleurs, pour soi et pour garantir la sécurité financière à leurs proches, une réalité exacerbée sous l'impact des médias occidentaux qui montrent régulièrement le succès ironique de l'immigration clandestine qui a deux effets néfastes : vider l'Afrique de ses ressources humaines au prix de milliers de morts en cours de route, encombrer l'Europe qui prétend ne pas avoir besoin de cette vague démographique. Il est intellectuellement honnête de constater une certaine inversion de la tendance à savoir, de plus en plus d'occidentaux ainsi qu'une partie croissante de la diaspora africaine qui retournent en Afrique. Nous employons volontairement le mot retourner pour les populations blanches car l'Afrique a toujours été, en partie, leur maison. L'histoire le montre parfaitement à travers la datation très récente de l'indépendance des pays africains, à partir des années 1960. Lorsqu'une partie des êtres humains (plus précisément les habitants du nord) revendiquait plus de droit social et de liberté dans le cadre socio-professionnel aux dépends d'une classe supérieure qui maximisait ses profits sans limite : ces luttes ont débouché sur les évènements de l'année 1968, qui à leurs tours ont permis un certain répits pour la population (et une période d'abondance économique) à partir des années 1970, également appelée la période des 30 glorieuses. Une autre partie (les habitants du sud) n'avait pas encore le choix de prendre son destin en main. Ainsi l'Occident qui était affaibli par les deux guerres, malmené par sa population qui était de plus en plus revendicative après la 2-ème guerre mondiale, les conséquences de la guerre froide et celle du Vietnam, s'est vu politiquement et diplomatiquement acculé par les colonies qui commençaient à désacraliser cette image parfaite du blanc et l'hégémonie occidentale. C'était le début d'un processus qui allait provoqué après quelques années une fièvre des indépendances pour les pays africains, notamment ceux d'Afrique de l'ouest. Ce détour historique, ses conséquences ainsi que les lois de l'évolution technique, sanitaire, technologique, numérique, le progrès dans un sens général impacté par la mondialisation, nous conduit vers un retour des habitants du nord et la diaspora des habitants du sud, de l'est et l'ouest, vers le continent africain qui a toujours été une terre d'opportunités. C'est ce que la communauté guinéenne semble comprendre. Tout n'est pas encore parfait mais l'AJGF a créé le temps d'un week-end, un espace de valorisation pour la Guinée, un oasis d'opportunités pour ses territoires régionaux à travers l'attractivité des cerveaux et pas n'importe lesquels, ceux qui y ont une attache naturelle. Nous pouvons dire que l'événement a été organisé sur le choix audacieux de la sélection naturelle, celle des guinéens formés et qualifiés qui ont la capacité de développer les structures locales. À peu près une trentaine de stands respectivement occupés par des entreprises, des entrepreneurs, des banques et des organismes publics, formaient des allées où le public déambulait pour s'informer, déposer une candidature ou échanger des contacts. En parallèle des conférences thématiques étaient organisées avec un point commun : oser le retour ou l'entreprendre progressivement. Des master class étaient également organisés. Avec des tarifs fixés pour le grand public à 20 € par personne et pour la catégorie privilégiée à 89€ la personne, l'AJGF n'a pas manqué d'honorer ce mois dédié à l'économie sociale et solidaire (ESS) dont le principe est justement la création de valeur avec une dimension fortement engagée. Lors de cet événement l'engagement de l'AJGF était clair : faire vivre une expérience transversale (exposition de stands, recherche d'emploi, conférences basées sur le story telling de personnes qui ont réussi le retour en Afrique, master class avec des personnalités, pitch d'entrepreneurs, levée de fonds, etc.) aux publics dans une démarche de promotion de l'économie, de la culture et des talents de la Guinée.

Nous avons également observé une représentativité de tous les secteurs économiques à la faveur de la Guinée. Cela se traduit concrètement par la présence des entreprises ou des organismes spécialisés dans le secteur primaire (agriculture et forêt), secondaire (industrie notamment lourde et extractive), tertiaire (les services, les missions administratives) et numérique pouvant être considéré comme un 4 -ème secteur (technologie, fintech). Parmi ses secteurs les plus représentatifs étaient le secteur secondaire et tertiaire. Ce qui met en évidence une faiblesse évidente, à plus ou moins grande échelle, dans tous les pays d'Afrique de l'ouest. Il s'agit d'un manque visible à créer, orienter les entreprises, les investisseurs et les jeunes vers le secteur agricole pour le développer et pour réaliser l'autosuffisance alimentaire. Concernant le retard numérique cela est dû, actuellement, au manque de moyens pour réduire les inégalités numériques, de maillage numérique (qui consiste à installer des bornes spécifiques ou la fibre optique) pour faciliter l'accès à internet sur l'ensemble du territoire. Mais il est utile de soutenir l'idée qu'une petite révolution numérique est entrain de se passer en Afrique avec la création de projets autour de ce secteur d'avenir même si du chemin reste à faire.

Entrepreneur d'origine malienne, Soumaila Diakité le fondateur de Arcare Concept a assisté pour la première fois à ce salon prometteur. Titulaire d'une Maîtrise en Administration Générale et Territoriale (AGT) et d'un Master 2 en Management de Projets Numériques appliqués au Développement du Territoire (MPN), il a vu lors de cet salon tous les éléments qui permettront à la Guinée de capitaliser sur sa diaspora, sur le moyen et le long terme. Il est évident que la diaspora africaine a besoin de ces rencontres entre les acteurs locaux qui n'hésitent pas à faire le déplacement outre Méditerranée pour créer un lien de proximité avec les ressources humaines qualifiées qui manquent sur le marché guinéen. Ce genre d'opération de séduction territoriale est un projet salutaire pour la Guinée et pour l'ensemble de la diaspora africaine. Il permet aux africains vivant en France de se requestionner, de revoir son parcours, son potentiel et de se projeter car la France est un marché saturé, parsemé de plafonds de verres pour une diaspora formée mais qui peine à trouver sa vraie place. Nous espérons que l'Afrique de l'ouest gagnera en stabilité politique nécessaire à une sécurité des biens et des personnes pour continuer dans cette démarche certes encore timide mais bien prometteuse dans le développement de ses territoires. Il y a quelques années en Afrique de l'ouest nous voyons la Côte d'Ivoire, le Sénégal comme des terres d'opportunités depuis le début des années 2020 la Guinée est entrain d'investir dans un programme de lifting territorial avec des actions concrètes qui lui assurent de plus en plus un capital sympathie à l'international. La multiplication des évènements comme le Salon Guinéen de l'Emploi et de l'Entrepreneuriat seront des ponts entre la Guinée et la diaspora guinéenne, africaine voire le monde. Le pays suit les traces de la Côte d'Ivoire et du Sénégal qui compte une population française de 200 000 habitants soit l'équivalent d'une métropole française en taille humaine. Cette communauté française crée de l'emploi pour les Sénégalais, procède volontairement ou non à un transfert de compétences qui sert la population locale. Ces phénomènes sont de véritables cas d'école pour les pays d'Afrique de l'ouest qui doivent investir dans le développement durable de leur territoire en termes de politiques attractives des acteurs économiques étrangers, de création d'infrastructures, de collaboration étroite et efficace avec la diaspora qui est une ambassadrice incontournable, de programmes de gouvernance transparente et inclusive.

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