N°254 À la rencontre de Oumar Fofana le Président - AGE UQO

1.Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs s'il vous plaît ?

Je suis Oumar Fofana, étudiant international malien au Canada. J’étudie en Informatique et je suis actuellement le Président de l’Association Générale des Étudiants de l’Université du Québec en Outaouais (AGE-UQO).

Si vous deviez vous définir en 3 mots, que choisiriez-vous de nous dire et pourquoi ces qualités ?

Je suis :

• déterminé, je suis quelqu’un qui ne lâche rien lorsqu’un objectif est en vue : je me donne les moyens d’y arriver, peu importe les obstacles;
• créatif, pour moi, rien n’est impossible dès lors qu’il y a de la volonté. En tant qu’informaticien, j’ai aussi cette tendance naturelle à voir des opportunités de digitalisation partout — chaque problème peut être une solution en devenir;
• optimiste, enfin, je crois profondément que l’avenir appartient à ceux qui acceptent de se dépasser : c’est cette conviction qui me donne l’énergie d’avancer avec optimisme. .

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je suis arrivé au Canada il y a de cela deux ans pour poursuivre un projet d’études en informatique. Avant cela, je suis titulaire d’une licence en systèmes réseaux informatiques et télécommunications, obtenue en 2017. À la suite de ma formation, j’ai multiplié les expériences professionnelles à travers des stages et contrats dans plusieurs structures publiques et privées, notamment l’AGETIC, la CAISFF, l’AFARD-Mali et Ziqqi Mali. Ces différentes expériences m’ont permis de mieux comprendre l’environnement professionnel malien et ont nourri en moi une forte envie d’entreprendre. C’est ainsi qu’avec un ami partageant la même vision, nous avons cofondé HelloApp, une entreprise spécialisée dans la conception de solutions digitales sur mesure.

" J’ai d’abord été élu conseiller aux affaires socioculturelles, un mandat au cours duquel j’ai organisé divers événements visant à dynamiser la vie étudiante. Fort de cette première expérience et du travail collectif accompli avec l’équipe précédente, j’ai décidé de me représenter, cette fois comme président de l’association. J’ai été réélu et j’occupe actuellement ce poste avec engagement et fierté."

Mon arrivée au Canada s’inscrit dans une volonté d’approfondir mes compétences, mais aussi d’élargir mon réseau. Très vite, j’ai saisi l’opportunité de m’impliquer dans la vie étudiante à travers l’association de mon université, qui représente plus de 5 500 étudiant.e.s. J’ai d’abord été élu conseiller aux affaires socioculturelles, un mandat au cours duquel j’ai organisé divers événements visant à dynamiser la vie étudiante. Fort de cette première expérience et du travail collectif accompli avec l’équipe précédente, j’ai décidé de me représenter, cette fois comme président de l’association. J’ai été réélu et j’occupe actuellement ce poste avec engagement et fierté.

Parlez nous de la structure AGE UQO

L’Association Générale des Étudiants de l’UQO (AGE UQO) est l’organisme de représentation étudiante de l’Université du Québec en Outaouais. Elle regroupe et représente l’ensemble des quelque 5500 étudiant.e.s de l’établissement. L’AGE UQO est dirigée par un comité exécutif qui fait office de conseil d’administration. Celui-ci est composé de six postes électifs :

• le Président;
• le Conseiller aux affaires financières;
• le Conseiller aux affaires académiques;
• le Conseiller à la communication et à la transparence;
• le Conseiller aux affaires socioculturelles et;
• le Conseiller aux affaires administratives.

Sa mission est multiple :

• de défendre les droits et intérêts des étudiants;
• d'assurer la circulation de l’information entre l’université et ses membres;
• de tisser des liens avec d'autres associations ou organismes aux objectifs similaires;
• de favoriser les relations entre étudiants et autres instances étudiantes et ;
• de promouvoir activement la vie étudiante par l’organisation d’activités et d’initiatives enrichissantes.

C’est une structure dynamique, au cœur de la vie universitaire, qui joue un rôle fondamental dans l’expérience étudiante à l’UQO.

Est ce que le Mali a besoin d'une structure comme AGE UQO?

Absolument. Une structure comme l’AGE UQO serait non seulement pertinente, mais aussi essentielle dans le contexte malien. Le système éducatif du Mali, bien qu’en constante évolution, manque encore d’un cadre structuré et institutionnalisé qui permettrait aux étudiants d’avoir une voix forte, organisée et influente dans les décisions qui les concernent. Mais il faut que cette organisation parvienne à faire entendre la voix de ses membres (étudiant.es) sans pourtant se diluer ou se perdre dans les prises de position politique. Une telle structure permettrait de :

• représenter efficacement les intérêts des étudiants auprès des directions universitaires, des institutions gouvernementales et même du secteur privé ;
• créer un espace de dialogue et de plaidoyer, capable de porter les revendications étudiantes de manière organisée et constructive ;
• renforcer la vie étudiante à travers des activités culturelles, sociales et académiques, contribuant ainsi à l’épanouissement personnel et professionnel des jeunes ;
• favoriser l’engagement citoyen des étudiants, en les responsabilisant dans la gestion collective et la défense de leurs droits.

Dans un pays où la jeunesse constitue la majorité de la population, une structure bien pensée et bien dirigée comme l’AGE UQO pourrait devenir un levier puissant de transformation sociale et d’innovation au sein des milieux universitaires.

Si vous deviez créer une structure comme AGE UQO au Mali quelles seraient les priorités de la structure sur ce territoire avec ses propres réalités ?

Si je devais créer une structure équivalente à l’AGE UQO au Mali, ses priorités seraient orientées vers l’action concrète, la représentativité efficace et le développement personnel des étudiants, en tenant compte des réalités locales. Pour s’y prendre, il faudra :

• mettre en place un véritable canal de communication entre les étudiants et les autorités éducatives. Il est essentiel que les étudiants soient écoutés lorsqu’il s’agit de conditions d’études, d’infrastructures, de bourses ou de réformes pédagogiques;
• organiser des activités socioculturelles, sportives et éducatives régulières pour briser la routine académique et favoriser un climat universitaire plus épanouissant;
• créer des plateformes pour former les étudiants en dehors du cadre universitaire (ateliers, séminaires, conférences) dans des domaines tels que le numérique, l’entrepreneuriat, les droits civiques, la gestion de projets, etc.
• mettre en place des partenariats avec des entreprises, des ONG et des institutions pour faciliter les stages, les opportunités de mentorat et les offres d’emploi dès la fin des études;
• encourager et accompagner les initiatives étudiantes à travers des concours d’idées, des incubateurs et un soutien administratif et juridique;
• être une voix pour les étudiants marginalisés (étudiants issus de milieux ruraux, femmes, personnes en situation de handicap) afin que les politiques étudiantes soient inclusives et équitables.

En résumé, cette structure serait un véritable catalyseur de changement, proche des étudiants, connectée à la réalité malienne, et tournée vers des solutions concrètes et ceci est valable autant pour les universités publiques que privées.

Citez nous un ou quelques échecs et les leçons apprises par vous

Je n’aime pas qualifier une expérience de « d’échec » ; je préfère la considérer comme un apprentissage nécessaire sur le chemin de la progression. Je me répète souvent cette phrase : « Jamais un échec, toujours une leçon. » Avec notre entreprise HelloApp, spécialisée dans les solutions digitales, nous avons souvent été confrontés à la difficulté de convaincre des clients ou partenaires d’adhérer à notre vision dans un environnement encore peu digitalisé. Cela nous a permis de comprendre qu’avant de proposer une solution numérique, il faut d’abord créer un terrain favorable à son adoption : sensibiliser, éduquer et vulgariser la valeur ajoutée du digital dans le quotidien des utilisateurs. Cette prise de conscience a été un véritable point tournant, qui a transformé notre approche et renforcé notre stratégie de développement. De la même manière, au sein de l’AGE-UQO, j’ai vécu plusieurs situations exigeantes lors de négociations avec l’administration de l’Université.

"Ces moments m’ont appris une leçon fondamentale : le leadership institutionnel repose sur la capacité à bâtir des compromis, à comprendre les contraintes de l’autre partie et à avancer par étapes plutôt que par confrontation. "

Que ce soit en défendant une réduction des frais d’abonnement au centre sportif, en demandant une meilleure accessibilité aux transports ou en plaidant pour des mesures plus adaptées à la réalité des personnes étudiantes internationales, il m’est arrivé de ne pas obtenir le résultat attendu. Ces moments m’ont appris une leçon fondamentale : le leadership institutionnel repose sur la capacité à bâtir des compromis, à comprendre les contraintes de l’autre partie et à avancer par étapes plutôt que par confrontation. Ces expériences, loin de me décourager, ont renforcé ma résilience, ma capacité d’adaptation et ma compréhension profonde du rôle d’un leader : créer les conditions d’un changement durable en ralliant, plutôt qu’en imposant.

Quels sont vos projets d'avenir?

À l’avenir, je souhaite continuer à développer l’entreprise que j’ai cofondée avec mon ami. Mon ambition est de voir HelloApp grandir pour devenir une structure majeure, capable d’employer des centaines de collaborateurs et de collaborer avec des partenaires diversifiés, venant de différents secteurs et horizons. Je rêve d’une entreprise innovante, reconnue pour la qualité de ses solutions digitales sur mesure, qui contribue activement au développement technologique et économique, tant au Mali qu’à l’international.

Si vous deviez remercier quelques personnes, qui sont elles et que représentent-elles pour vous ?

Je tiens à remercier :

• Sékou Fofana, mon ami et collaborateur, une personne extrêmement inspirante avec qui je partage une vision commune;
• mon grand Frère Makan, que je considère comme un véritable mentor, toujours présent pour me soutenir et me conseiller sans compter ses efforts;
• ma grande sœur Aïssata, qui a toujours été à mes côtés, ainsi qu’à ma famille, que j’espère pouvoir continuer à rendre fière et qui, je l’espère, sera là pour célébrer mes succès futurs.

Quelles sont les 3 qualités d'un leader ?

Un bon leader doit être :

• empathique, il doit comprendre les besoins des autres;
• visionnaire pour voir plus loin que le court terme et;
• rigoureux, ce qui lui permet de rester constant dans l’effort.

Que pouvez-vous conseiller aux jeunes générations pour atteindre leurs objectifs?

Ne pas avoir peur de commencer petit. Chaque grande aventure commence par une première étape, souvent humble. Il faut se former, s'entourer et surtout, oser prendre des initiatives.

Citez 3 bienfaits immédiats de l'entrepreneuriat pour l'Afrique ?

Je cite :

• la lutte contre le chômage;
• la valorisation des ressources locales;
• l'émergence d’une jeunesse indépendante et responsable.

Quelle est la citation parfaite qui résume votre vie?

Une citation qui m’inspire beaucoup est celle que Martin Luther King Jr. a partagée en prenant l’exemple d’un balayeur de rue : « Peu importe ce que tu fais, sois le meilleur dans ce que tu fais. » Cela me rappelle que l’excellence ne dépend pas de la grandeur du rôle ou du poste, mais de l’engagement et de la passion qu’on met dans chaque action, aussi humble soit-elle. Cette philosophie guide ma vie professionnelle et personnelle au quotidien.

Quelques mots sur Arcare Concept notre blog

Votre blog est un carrefour de talents, d’idées et de modèles positifs pour la jeunesse africaine. Il est motivant, utile, et joue un rôle de transmission essentiel. Continuez ce beau travail !

Si vous deviez recommander notre blog à 3 personnes qui incarnent le leadership autour de vous, qui sont elles et quelles sont leurs activités ?

Je recommande :

• Kantara Fofana - Fondateur (CEO) KANTIA Transformation Numérique - Analyste Financier - Candidat à l’exercice de la profession de CPA au Canada;
• Diakaridia Doumbia – Fondateur de Projob, une plateforme de mise en relation entre particuliers et techniciens de métiers au Mali;
• Kassim Sidibé – Fondateur de « Cajoucy » start-up de production de jus de fruit 100% et « Kalaman » un food-truck au Mali.

Citez nous un ouvrage ou une personne qui a contribué à votre développement personnel.

L’ouvrage « Père riche, père pauvre » de Robert T. Kiyosaki a eu un impact sur mon développement personnel. Il m’a permis de transformer ma vision de la réussite, en comprenant que l’indépendance financière et la création de valeur reposent davantage sur l’éducation financière, l’esprit entrepreneurial et la prise de décision stratégique que sur le seul parcours académique traditionnel. Ce livre m’a appris à voir les défis comme des opportunités de croissance et m’a donné le courage de bâtir ma propre vision à long terme, notamment à travers mes engagements entrepreneuriaux et associatifs.

Citez nous un fait ou un personnage que vous trouvez remarquable dans l'histoire de vos pays d'origine ou d'accueil.

Ce que j’admire profondément dans l’écosystème entrepreneurial malien, c’est la capacité de nombreuses personnes à partir « from scratch », c’est-à-dire à bâtir leur projet à partir de presque rien, armées uniquement d’une idée, d’une vision et d’une détermination inébranlable. Dans un contexte où les ressources sont limitées et où l’environnement d’affaires n’est pas toujours favorable, ces entrepreneurs parviennent malgré tout à créer de la valeur, de l’emploi et de l’impact social. Des figures comme Sekou Fofana, Kassim Sidibé, Diakaridia Doumbia ou encore Niaga et Hamid de HK Style et bien d’autres incarnent parfaitement cet esprit : celui de transformer l’adversité en opportunité et de prouver que l’entrepreneuriat n’est pas seulement une question de moyens, mais d’état d’esprit. Leur parcours m’inspire et nourrit ma conviction que les plus grandes réussites naissent souvent dans les contextes les plus exigeants.