Revenir au site

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Nantes Digital Week vue par un Malien

À la rencontre de Emmanuelle ROUX sur la thématique ''Digital & Social : l'entrepreneuriat de demain."

18 juillet 2019

La question du numérique ne date pas d'aujourd'hui. Loin d'être inédite pour la société française, elle trouve son origine dans les années 1970 ou les 30 glorieuses. Pour emprunter la citation de Jean François NYS, ex directeur de l'IAE de Limoges « ce n'est pas la réponse qui est importante mais plutôt la question car si vous posez la bonne question la réponse viendra.» Ainsi cela fait plus de 40 ans que les États, les gouvernements, les politiques, les entreprises, les associations et les citoyens se posent tous la même question : quelle est la place du numérique dans la société française d'aujourd'hui et de demain?

Dans la mesure où les réponses sont influencées par les époques, l'économie, la politique, l'histoire, les catégories socio-professionnelles, les réalités territoriales, les défis environnementaux, l'age ou le sexe, nous restons d'avis que seule la question demeure intemporelle et essentielle.

La conférence organisée dans le cadre de la Nantes Digital Week de 2018 sur le thème '' Digital & Social : l'Entrepreneuriat de demain" avec le concours de l'école Ticket for Change, a été l'occasion d'aborder cette question à l'aune de notre contexte. L'intervention d'Emmanuelle ROUX dont la réputation n'est plus à faire dans le domaine du digital, a su donné cette dimension intemporelle à nos réponses découlant de la question du même acabit. Informaticienne, entrepreneure, conférencière et créatrice de tiers lieux comme Le Chaudron, le FacLab de Cergy-Pontoise et la société de conseil SC21, elle aborde la question du numérique comme une question vieille de bientôt 50 ans. Une question qui touche les institutions les plus essentielles pour la société, à savoir l'école publique. En effet, selon Emmanuelle il y a un décalage entre l'école et le besoin des élèves, notamment le besoin de connexion datant du milieu des années 1990 avec l'avènement et la démocratisation d'internet en France. Une époque qu'elle confond avec le début de l'ère poétique et sociale de l'internet. Depuis cette période les choses ont énormément changé, amenant des réalisations positives mais aussi de nombreux défis à relever.

Nous sommes nombreux à vouloir agir...

La conférence a été introduite par les données de Ticket for Change (l'école révélatrice des talents), selon lesquelles, sur 100 français :

  • 94 ont envie d'agir pour résoudre un problème de société, 
  • 20 ont agi en ce sens et,
  • seulement 6 ont réussi à accomplir quelque chose de concret dans la logique de leur plan d'action. 
Promotrice de l'entrepreneuriat social grâce à la formation, Ticket for Change met en lumière toute la difficulté d'entreprendre dans le contexte français, le mérite pour les rares qui y arrivent et le potentiel de chacun à pouvoir changer les choses.

+ 300 millions de personnes vont changer de catégorie de métiers tandis que 75% des emplois sont inconnus à l'heure actuelle.

Pour Emmanuelle, avant de vouloir changer les choses il faut avant tout chercher le sens de pourquoi nous voulons les changer : "se dire que ce que nous faisons sert aux autres.'' Car ''on est bien quand on est bien avec les autres."

Celle pour qui l'autonomie politique passe par celle économique pour l’ensemble de la société, conseille essentiellement aux jeunes de créer des projets libres et indépendants de la sphère politique. Ce combat qui consiste à promouvoir l'autonomie économique est un défi auquel elle nous invite tous. Un combat dont la victoire passe nécessairement par l'éducation numérique des citoyens sans distinction. À l'aube du 21 e siècle, ce défi incarne la 3 e révolution industrielle : plus de 300 millions de personnes vont changer de catégorie de métiers tandis que 75% des emplois sont inconnus à l'heure actuelle. Ainsi il devient nécessaire de concevoir, collectivement, des moyens aptes à favoriser l'autonomie économique pour tous avant d’essayer, tous ensemble de changer le monde. Pour cela il faut promouvoir :

  • la recherche concrète de l'harmonie entre l'autonomie économique et le financement public (géré dans le cadre de la gouvernance et donc de la politique), 
  • l'alliance intelligente entre les différents acteurs du territoire. Une alliance qu'il est possible de réaliser grâce à l’émergence des tiers lieux comme les FabLab (Créé au Massachusetts Institute of Technology/ MIT à la fin des années 2000 et importés depuis les Etats-Unis dans le monde entier). Contraction des mots anglais Laboratory (qui signifie laboratoire) et de Fabrication (Fabrication), le FabLab est un lieu essentiellement conçu pour favoriser les échanges entre citoyens de toute zone et de toute catégorie afin de donner un élan à la créativité, la collaboration et l’apprentissage mutuel. Dans la société occidentale (voire humaine) il est d'usage de séparer les gens en caste intellectuelle et manuelle (agriculteurs, artisans etc). Cet espace dans lequel s'opère la fusion entre la matière et le numérique (rendue possible grâce à l’imprimante 3D), permet de faire sauter les murs entre les castes afin de permettre à chacun d'apprendre des autres et de leur enseigner en même temps. 
À partir de ce métissage créatif il devient possible de penser autrement le monde, de se mettre collectivement à la recherche du sens, le pourquoi nous faisons les choses et du comment être bien avec soi en l’étant avec les autres grâce au débat, à la réflexion, la pensée, la création, l'invention et le réseautage.

Vers la personnalisation des parcours de vie...

La charte des FabLab (depuis l'importation du concept des Etats-Unis à la fin des années 2000) consiste à permettre aux citoyens d'utiliser des outils numériques dans un espace ouvert à tous (sans aucune distinction) de manière gratuite et/ou symbolique. Ce qui a permis d'ouvrir d’innombrables FabLab à l’échelle mondiale et dans de nombreux domaines, d'où une culture de la personnalisation de ces tiers-lieux qui fonctionnent selon le même principe d’universalité et de quasi-gratuité mais avec des thématiques propres aux réalités locales : de cette différenciation sont également nés les Makerspace et les Hackerspace.

Notons que la seconde révolution industrielle fut essentiellement portée par le contrat salarial. Celui du 21 e siècle reste à définir à la lumière des bouleversements technologiques dont nous vivons seulement les prémices. En effet le patronat, le salariat ainsi que les modèles de management classique s'essoufflent et tombent de plus en plus dans la désuétude au regard d'une jeunesse qui aspire au travail sur mesure, libre de toute tutelle hiérarchique, d'où le développement de l'entrepreneuriat. Un phénomène qui développe dangereusement la tendance à l’individualisme aux dépends des acquis sociaux sur lesquels reposent la société française. Il s'agit de la gratuité de l'école, de la santé, la sécurité sociale et l'ensemble des droits sociaux concourant au maintien du vivre ensemble à travers le principe de redistribution : le salariat qui est une forme d'esclavagisme atténué est entrain d'être remplacé de manière lente et progressive par la démarché libérale généralisée à tous les secteurs d'où l'importance de l'histoire (et surtout sa compréhension par les générations à venir).

Quels contrat social pour le 21 e siècle?

Face à la digitalisation de la société qui bouleverse tout ce que nous avons connu jusqu'à présent en termes de modèle social, nous avons 95% d’illettrés technologiques parmi la population. Ce décalage entre l'évolution de la société et le retard de la population sur son éducation technologique sera au cœur des préoccupations pour la société de demain. Une préoccupation qui touchera :

  • l'économie et le besoin d'autonomie financière à l’échelle globale, 
  • la politique et le besoin de responsabilisation des élus dans l'objectif de concrétiser une réelle politique participative, 
  • la question des tiers lieux qui seront de véritables espaces intermédiaires entre l'autonomie économique et politique, à travers la culture de l'échange mutuel et le transfert réciproque des compétences. 

Avant d'atteindre ces enjeux dont il faut situer les effets concrets dans un futur relativement lointain, il incombe aux citoyens de faire quelques efforts dans l'immédiat. Ces actions se caractérisent par :

  • la fidélité à une conviction, une cause, une lutte, un combat : " à l'heure actuelle, il n'y a pas vraiment de combat mais un décalage des perceptions face à l’institution gouvernée par des hommes et des femmes malléables." (Emmanuelle ROUX),
  • la formation aux outils technologiques dans les tiers lieux, à titre personnel et/ou professionnel,
  • la formation continue : les gens se conditionnent en fonction d'un diplôme qui leur permet de travailler dans un secteur donné et ils arrivent à se convaincre qu'après les études ils n'ont plus rien à apprendre. Ce qui est une erreur avec les changements qu'apportent les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). 
  • la lutte pour la préservation des données citoyens contre le marchandage frauduleux à travers une action d'éducation de masse sur la maîtrise des interfaces de programmation ou API : " coder, c'es transformer le monde. Il faut apprendre à être curieux, à coder pour cela il ne faut pas restez un illettré numérique, il ne faut pas laisser les autres s'occuper du monde à notre place." (Emmanuelle ROUX),
  • la désacralisation saine de notre rapport avec les institutions : " il n'existe pas de grands groupes, de gouvernements inaccessibles etc. Il n'existe que des hommes et des femmes avec des convictions. Trouvons les meilleurs pour travailler avec eux." (Emmanuelle ROUX),
  • la distanciation avec les excuses qui ne feront pas avancer les choses, 
  • la relativisation des business modèles au profit de l'action : "fais d'abord et demande après, c'est la meilleure manière d'avancer." (Emmanuelle ROUX),
  • la promotion, le maintien et l'amélioration du circuit de redistribution : ''on va vers une destruction massive de l'emploi, il faut juste y faire face avec cohérence, dans la participation collective et la redistribution.'' (Emmanuelle ROUX), 
  • la démocratisation des tiers-lieux qui reste encore peu connus par l'ensemble de la société : afin de créer des espaces intégrant les gens au delà de qui ils sont (sans distinction de sexe, de race, de statut social, etc.). Il s'agit de créer la légitimité chez l'autre pour l'amener à agir, casser les barrières et adopter une culture du numérique qui pousse à créer un vivre ensemble contextualisé, un parcours collectif local, territorial, singulier et historique. Pour y parvenir il faut s'attaquer au problème actuel qu'est l'incompréhension et le manque de communication.  Un problème qui altère, par exemple, la start-up en l’instrumentalisant au profit d'une élite blanche, par le biais de financement effectué de la part des grosses entreprises. 
  • le développement de l'esprit collectif : "les FabLab sont des lieux de résistance citoyenne dans la mesure où les gens deviennent inutiles dans les boites mais on ne sait pas comment les réutiliser ailleurs." ''C'est impossible d'évoluer seul, il faut donc des bonnes connexions." (Emmanuelle ROUX),
  • la déconstruction des mythes : la situation se complexifiera avec la destruction croissante de l'emploi par les grandes entreprises (notamment à travers les plans de suppression de l'emploi) aux dépends d'une population majoritairement habituée au confort du salariat.  Selon Emmanuelle ROUX les choses évolueront dans le mauvais sens '' tant qu'on voit les jeunes défendre le CDI alors qu'ils peuvent prétendre à la sauvegarde et la mise en place d'un Revenu Minimum Universel.  Aujourd’hui on veut avoir soit un CDI soit créer sa start-up. Avant il y avait  une hétérogénéité maintenant c'est le principe de la pensée unique".
  • accompagner les reconditionnements professionnels : à l'instar du métier d'agriculteur qui  évoluera probablement vers la prestation de service avec le développement des circuits courts et sans intermédiaires. Citons l'exemple de la société agro alimentaire Barilla qui a pour projet d’installer les imprimantes 3D afin de fabriquer les pattes au niveau local, ce qui permet de supprimer les facteurs intermédiaires (tels que le transport des produits réduisant par la même occasion l'émission de CO2 ou l’inutilité des espaces de stockage, etc). 

Au regard de ses pistes d'actions non exhaustives, il convient à chacun d'entreprendre une quête de sens qui va au-delà de sa propre personne, pour le bien d'un lieu, d'une histoire commune dont la postérité pourra fièrement être le dépositaire.

Qui sommes nous?

Arcare Concept est une start-up de Communication (Digitale & Blog) et de Mode (Boutique & Bar Créatif). Elle a été créée en 2017 par Soumaïla DIAKITE pour promouvoir le métissage des cultures afin de mettre en avant les initiatives sociales, professionnelles entrepreneuriales et technologiques menées par la communauté africaine dans le monde. Participant à la discrimination positive en faveur des communautés stigmatisées en France comme en Afrique, Arcare Concept se définit, avant tout, comme une Entreprise Sociale et Solidaire qui prend soin d'inclure tout le monde!

Actuellement nous avons mis en ligne une campagne de financement participative pour financer le projet. Vos dons serviront à conforter notre initiative qui agit pour la diversité. Cliquez sur le lien pour nous soutenir : Leetchi up 

Soumaïla Kotié Diakité

Rédacteur en chef chez www.arcareconcept.com

Social Média Manager chez l'Agence de Com' Concept 4'part

Diplômé en Master des Projets Numériques (Université Toulouse II)

Maîtrise Administration Générale et Territoriale (Université de Limoges)

Maîtrise Management des Entreprises Sanitaires et Sociales (IAE de Limoges)

Arcare Concept - Votre Start-up de Communication

Téléphone : 06 65 57 09 87

E-mail : soumaila.diakite@gmail.com

Pour nous soutenir faites un don sur Leetchi