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Élection Présidentielle 2018 : le Dégagisme, la seule véritable carte électorale du Peuple Malien ?

1 juillet 2018

Les élections présidentielles approchent à grand pas. Tant attendues par le Peuple Malien qui reste mitigé voire dépassé par le bilan du premier mandat (et peut être le dernier) du Président Ibrahim Boubacar Keita, les primaires marquent un déferlement de candidats , de partis politiques et de programmes. Dans cette course à la séduction électorale, l'équipe de Arcare Concept a mené une investigation sur le potentiel du peuple malien a prendre son destin en main chaque fois que cela s'avère nécessaire. L'un des moyens d'y parvenir est le Dégagisme qu'il a d'ailleurs utilisé plus d'une fois dans son histoire, notamment en 1991. Avant de nous intéresser au cas malien, il est importun de définir le Dégagisme, ses caractéristiques et les pays qui y ont eu recours pour changer le cours de leur destin.

Que nous soyons face à une démocratie en pleine croissance comme celle du Mali, dans un ancien régime dictatorial comme en Tunisie (de 1989 à 2011) ou dans le "pays des droits de l'homme", à savoir la France, le Dégagisme fait vaciller les consciences, aussi bien du coté des administrés que des responsables politiques qui le subissent et le craignent de plus en plus. Issu du mot « Dégager » , le Dégagisme est un nouveau concept qui est apparu dans le jargon politique ainsi que le recours citoyen en 2011. Mentionné pour la première fois lors du printemps arabe en Tunisie, le Dégagisme se définit comme la révocation forcée ou non d'une personne ou un groupe de personnes ayant des responsabilités politiques et/ou gouvernementaux, pouvant conduire dans certains cas à une interruption du pouvoir. Dans une perspective concrète, il trouve son équivalence dans une révolution (silencieuse ou tumultueuse) fidèle au ''tout casser pour reconstruire", créant souvent entre les deux phases une longue période de convalescence politique ou la perspective d'une gouvernance excessivement audacieuse.

Changeant de signification d'un pays à un autre, le Dégagisme a su évolué en fonction de l'environnement politique et socio-économique. C'est un concept qui suit l'agacement de l'opinion politico-publique contre une figure politique ou un groupe de personnes au pouvoir. Nous citerons l'exemple du régime de Ben Ali, après 22 ans de gouvernance : dans ce contexte précis, nous rencontrons le Dégagisme dans sa forme originelle, brute et forcement violente face au désir d'éviction du pouvoir en place. Face à ce Dégagisme, il existe un autre, plus soft (doux), que nous retrouvons dans le cas français, avec le triomphe de Emmanuel Macron, devenu le Président de la République en 2017. Dans un contexte français miné par des attentats successifs (Montauban, Paris, Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray entre autres), la crise statutaire touchant aux corps les plus anciens (la fonction publique, la SNCF), la lourdeur administrative, la crise migratoire médiatisée de travers auprès de l'opinion publique, l’échec inavoué du projet militaire dans la zone Sahel, ont eu raison de la légitimité de François Hollande, mais également du vieux monde politique dans lequel la droite et la gauche faisaient la pluie et le beau temps : dans ce tumulte politique des stratégies mal calculées, un jeune homme brillant, ancien Ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique (sous le mandat de François Hollande) a eu l'idée de rompre avec les anciennes traditions en les troquant contre les vertus du rassemblement politique.

Le mouvement en marche (avec une longueur d'avance sur les partis classiques) est né en même temps que la réalisation d'un Dégagisme efficace et opportuniste au profit d'Emmanuel Macron. La société française a donc exprimé par la voix des urnes un certain besoin de renouveau fondé sur l'espoir de casser avec un monde politique qui est en décalage avec les défis actuels et ceux à venir en termes de sécurité nationale, d'économie, de fiscalité, d'ouverture, de moralisation de la vie politique. Sans nous pencher davantage sur le cas Trump , magnat de l'immobilier (jusqu'alors méconnu de la scène politique américaine) et Giuseppe Conte, l'actuel Premier Ministre italien (qui était jusque là un professeur de droit privé avec toute la discrétion d'un citoyen lambda), force est de reconnaître une tendance nouvelle qui est nettement marquée par le Dégagisme. Un mode opératoire marqué par la spontanéité, l'instantanéité, l’immédiateté face à un système auquel les citoyens ne croient plus à cause de la complexité du monde.

Le Dégagisme, un concept pas si étranger au contexte malien

Un an après le Dégagisme tunisien (2011), le Mali a connu une succession de situation similaire notamment avec :

  •  l'éviction du Président de la République Amadou Toumani Touré en Mars 2012, à travers un  coup d'État,
  • une récidive violente contre le Président par intérim, Dioncounda Traoré en Mai 2012 soit deux mois après le coup d'État. 

Des événements d'une telle ampleur en si peu de temps, témoignent un malaise profond, une crise qui a eu le temps de s'enraciner dans la société, sur plusieurs générations, sous les yeux impuissants ou volontairement aveugles des femmes et des hommes de la vie politique, de la société civile, des intellectuels et des politologues. Une situation qui aggrave la crise du nord et le processus de réconciliation nationale, mettant en péril l'intégrité des territoires qui souffrent d'un réel manque de politique efficace (dans les domaines essentiels comme l’éducation, l'économie, la vie associative et l’environnement), sous le mandat complexe et perplexe d'un Ibrahim Boubacar Keïta qui se veut optimiste quant à son bilan, notamment en termes :

  • de sécurité (renforcement de l'armée malienne), signature de l'accord de paix entre l'État et les groupes armés du nord (un accord aux contenus douteux pour certains observateurs), 
  • de croissance économique qui a évolué de 2.3% à 6 % durant les 5 ans, ce qui a contribué au retour de plus en plus d'investisseurs au Mali après la crise de 2012, 
  • de politique étrangère, à travers la création du G5 Sahel (dont l'efficacité reste à prouver sur le moyen et long terme).

Dans ce retour fragile à la normalité, IBK saura t-il faire preuve d'une gouvernance qui soit à la hauteur des attentes citoyennes ? Ou est ce que nous aurons droit à une surprise débouchant sur l’émergence de l'homme providentiel dans une logique d'alignement sur la scène politique internationale. Les paris sont ouverts au sein d'un peuple malien qui a soif de renouveau, besoin de sécurité et envie d'épanouissement sur le territoire. Avec ou sans violence, le Dégagisme semble planer sur cette élection présidentielle qui emprunte le visage du vieux monde politique, bien connu des maliens et surtout peinant à offrir des perspectives tangibles en termes de développement depuis plus de 30 ans.

Soumaïla Kotié Diakité

Rédacteur en chef chez www.arcareconcept.com

Social Média Manager chez Concept 4'part

Diplômé en Master des Projets Numériques (Université Toulouse II)

Double Master Administration Générale et Territoriale (Université de Limoges)/ Management des Entreprises Sanitaires et Sociales (IAE de Limoges)

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